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Les petits bourgeois représentent la plus redoutable des calamités de la société contemporaine dans les pays industrialisés. On les retrouve partout, en France comme en Allemagne, en Russie, en Amérique comme en Suède, en Belgique comme au Portugal.
Ils constituent un fléau, comme pouvaient l’être, dans des temps autres, l’invasion des sauterelles ou la peste.
Les petits bourgeois sont majoritaires dans le monde économiquement développé. Cette masse flottante est redoutable et méprisable. Elle oscille en fonction du balancier de l’Histoire.
Ils ont le plus souvent une personnalité hermétiquement fermée au monde des arts, de la poésie, de la créativité, de la modernité, de l’empathie et de la compassion. Ils ont le goût du clinquant, du frelaté, du superficiel. Généralement ils méprisent les ouvriers, les humanistes, les altruistes et les grands bourgeois qu’ils tentent de mimer d’une façon clownesque. Leurs discours sont convenus, leurs manières apprêtées et leur bêtise sidérale.
C’est parce que je voue une aversion quasi pathologique aux petits bourgeois, prêts à tout, mais le plus souvent au pire, que j’ai entrepris de leur destiner cette Lettre ouverte.
Ce livre est donc une pochade, une sorte de cliché qui les dépeint tels qu’ils sont dans la vie quotidienne.
Il faut savoir que les petits bourgeois, étriqués dans leurs minuscules principes, hésitent entre le prolétariat et la grande bourgeoisie tout en cumulant les tares des deux. Ils ne représentent d’aucune manière des modèles pour les jeunes générations.
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